« Poco importa dondé esta Hector, llama-le. Busca una manera, entiendes ? » Putain de trou de derche fétide. Fiasco ambulant, idiot de haut vol, handicapé psychomoteur, incapable inclassable. Je jure, je passe une main nerveuse sur la plaie qui balaye ma cuisse. Profonde, comme toujours. Je n'y vais jamais dans la demi mesure : avec moi, c'est tout ou rien, tout dans ma face, j'ai une sacrée propension à attirer les emmerdes ( de tous genres). C'un peu la tare du pauv' mec qui au lieu de recevoir la marraine la bonne fée a reçu un tas d'fiente direct dans l'chalumeau. Nouvel crème mixa pour les bébés à la peau sèche, ma peau, elle a dû être déshydratée. Je vérifie mon chargeur, la faute à pas d'chance, pas d'chance : SURPRISE «  pas de chance » c'est moi. L'unique balle qu'il me reste, j'vais me la foutre en pleine tempe. C'est comme ça dans le milieu, quand t'as qu'une balle, vas pas aller jouer les Rambo, tires-la toi dans la gorge. Tu feras d'une pierre, deux coups : tu t'épargnes des heures de tortures, tu épargnes à ton boss de s'faire choper. Le boss : c'est moi. Là, comme pas d'chance c'est moi, bah maudits moi !

« Hijo de mierda, donde estas ? » Hector le fion à l'appareil me récite une poésie d'un aut' genre rythmée par les suppliques, les sanglots : « Caliate, t'vas m'tirer une larme. Ramène ta caboche où j'fous l'feu à tout ton quartier. Tu sais que j'ai une haine viscérale envers les lâches. T'es un homme ou une fente, hein ? Hector ? Je compte sur toi, ne me déçois pas ». Je m’époumone, les flammes elles dansent juste devant, ma Lamborghini qui prend l'feu et m'explose en plein panorama. De quoi attiser mes nerfs – des nerfs qui , je le jure, seront passés sur ce putain de dégonflé une fois ma peau sauvée, je vais le remercier, c'sous-homme de mes deux-. De l'aut' côté, ça tire, ça vide des chargeurs. Le mien c'sent un brin pas couillu, mon regard coule autour de moi. Pas de backup plan hormis ce fot-en-cul d'Hector et le boulet que j'ai envoyé à sa recherche. Vive le personnel, j'vais faire un magnifique remaniement, ça va être un bain d'sang, j'vous l'promet !

Mon père recrute à la sortie des asiles ou...? Y'en a pas un pour relever le niveau. Des bras cassés, ça fait une vingtaine de minutes que j’essuie l'attaque d'une bande de Franco-Russes à moins que ce soit des Ukrainiens, de toute c'du pareil au même, des buveurs de Vodka, pauv' cons, à aller choper d'la patata. Je devrai peut être leur proposer un job à ces mitrailleurs ? Remarquez, ils tiennent l'assaut comme des chiens d'gardes, ils s'fatiguent pas ? Ras l'bol d'être en retrait, je tente le tout pour le tout, Sainte Marie mère de...je prierai plus tard, si j'suis sauvé autrement, ça servirait à rien.Deux pas, une armoire à glace s'élance. BAM. Remise à niveau, zéro pointé.


« Cette bande de lèches pompes, tu m'la fous dehors, compris ? Hector, Luiz, Carmelito, bref : je les veux TOUS DEHORS !» Je me pince l'arrête du nez, je déteste quand ma voix part dans les aigus. C'est à foutre une branlée à ma virilité qui là, je vous assure souffre d'être entourée d'incompétents de première league. Je me frotte les yeux, jette un regard à l'horloge qui trône majestueusement sur le mur d'la hacienda. On étouffe ici, j'vais prendre l'air : « J'vais au club, s'tu veux venir, à ton bon vouloir par contre tu règles leurs comptes avant.» Une tape sur l'épaule de mon bras droit, je passe me changer avant de changer ce putain d'air et ces putains d'idées.

Le club est plongé dans la pénombre éclairé par des néons miteux, les rythmes endiablés d'une salsa secouent les murs envoyant des ondes de chocs sur les nouveaux arrivants. L'onde réfléchie, un sourire étire mes lèvres, quelque part, dans cette marée humaine se dandine l'objet de ma convoitise, quelque part, dans cette masse de corps en sueur, ma naiade se cache, j'ouvre grand l'oeil, je repère, vif je ne donne pas le temps à mes hommes de comprendre les mots que j'viens d'leur cracher, ma main s'emparre chaleureusement de sa taille, l'obligeant à se lover contre mon torse et ainsi, tourner l'dos au fils de chien avec lequel elle " dansait " ( sur ce point, je lui laisse le bénéfice du doute) : « J'peux voir combien je t'ai manqué...» je lance un regard à l'abrutis qui vient de reporter son attention sur une brunette bonne à manger : « Il t'a aidé à chauffer la piste ou t'chauffer une aut' partie en attendant que j'vienne ?». Ma vulgarité a une vive tendance à pointer lorsqu'elle fricote avec d'autres gars, ça titille la partie d'moi que je n'aime pas spécialement montrer, d'un certain côté, lorsqu'elle est dans les parages, je perds le contrôle : «J'peux toujours te laisser en sa compagnie, si je te pompe l'air.» Point sur les i, barre sur les T, accent sur les e, je me tire , à elle s'offrent deux choix : 1) me suivre, 2) me snober. Ras l'bol, je m'engage dans le couloir menant au carré VIP, escorté par un panel de puterelles de luxe habillées court, maquillées à outrence, des camions d'un autre genre : volés, refourgués, revendus et ...bon pour la casse, à jeter. Je m'installe sur les fauteuils en cuir, un délice pour les derches en or, le mien est en platine, j'en prends soin. Je murmure quelques paroles à l'oreille d'une poule qui s'en va aussitôt s'improviser serveuse. Et puis, je sens son souffle chaud sur ma nuque, ses bras s'enrouler autour de mes épaules, ses lèvres se déposer sur mon cou. Ma main vient à sa recherche, pivotant la belle de mon côté, l'installant précieusement sur mes genoux. A califourchon, elle se contente de passer une main dans mes cheveux tandis que je laisse mon regard se perdre dans la contemplation de son visage. J'aime ses lèvres, lascives qui appellent aux baisers, se nez pincé qui lui confère un air espiègle, ses yeux d'biche, son grain d'peau, ses caresses. Mais, je ne peux pas l'aimer elle, c'est trop me demander : «Je t'ai manqué ou pas ?». Question de merde, je sais mais, j'aime bien qu'on me réponde à la positive, je manque aux gens, moi. Je suis important, moi. J'crois que j'veux y croire. Mais j'préfère de loin quand ça sort d'sa bouche à elle. Parce que la réciproque , elle, est vraie.